A Pibarnon, décembre 2011

Chers Amis de Pibarnon,

Alors, comment est-il, cette année, toujours aussi bon, sans doute ? Mais à quel autre millésime ressemble-t-il ? Ces questions amicales nous sont systématiquement posées à chaque vendange et nous sommes si heureux d’y répondre. En général, vous l’avez remarqué, c’est toujours bien ! Mais cela mérite quelques développements et nous allons essayer de vous brosser le portrait du 2011. Tout en gardant, rassurez-vous, quelques lignes pour les autres millésimes, ceux qui sont déjà en bouteilles, et souvent dans votre cave… ! 

MILLESIME 2011 ...

Si nous voulons bien croire les spécialistes du climat concernant le réchauffement climatique, il faut alors reconnaître qu’il s’accompagne de belles précipitations. Une étude ancienne montrait qu’il fallait au mourvèdre un minimum de 650 mm d’eau par an ; ce qu’il trouvait chaque année à Bandol. Pour mémoire, c’est l’équivalent de la pluviométrie annuelle de Rennes (véridique). Si cette quantité a parfois manqué entre 2003 et 2007, elle est largement atteinte depuis 2008, si ce n’est dépassée. C’est donc avec des réserves importantes que le 2011 a pu s’épanouir et fructifier. Les dernières pluies sont tombées fin avril-début mai, sur une végétation peu demandeuse en eau par la suite. L’été fut sec et venté, mais assez froid : température de l’eau, le 27 juillet : 15°C, un record ! La méditerranée a vraiment joué son rôle de climatiseur. Puis arriva septembre, plus doux, plus chaud, nous permettant des vendanges saines, des raisins mûrs, récoltés du 5 au 29. 

LE ROUGE ... MAIS QUEL ROUGE ? 

Le Rouge 2011 s’affirme comme un très bon millésime, ou plutôt LES ROUGES, n’oublions pas Les Restanques. Ce vin permet à la fois de proposer une expression de Pibarnon moins extrême et élitiste, tout en restant fringant, séduisant, et parfaitement signé. Il laisse une voie royale au Château de Pibarnon, élaboré à partir de parcelles bien définies, autour de la cave, en altitude, dont chacune va constituer l’assemblage final. Un petit arrêt sur image ? Une visite détaillée du vignoble s’impose. Suivez-moi. 

Commençons par La Grande Paguette, située dans le cirque face à la cave. Plantés au début des années 1990, ces mourvèdres exposés à l’est et au sud-est s’imposent rapidement comme support de finesse, d’élégance, et d’apport salin.
Ensuite, juste à côté, Jourdan, dans son costume impeccable, dense, élégant, joue son rôle de grand frère, stable, racé, imposant et reconnaissable.
Plus haut, les Pointes Blanches, très calcaires, qui recèlent un des trésors de Pibarnon : tension-sapidité. D’apparence plus légère, en général, les Pointes Blanches trompent votre palais : elles sont puissantes mais leur minéralité en masque le gras.
Autour, Le Cirque. Au moins deux cuves sur ce sol. Le mourvèdre y démontre son aspect « acrobatique » : il y est puissant, mais pas en rondeur ni en gras. Il y est délié comme une panthère.
Plus loin, de l’autre coté de la colline, face à l’ouest, Caignet, Guerazzi, deux ténors, ou plutôt deux barytons, tant les vins qui en sont issus sont profonds, puissants et amples.
Un autre cirque aussi, caché, que nous partageons avec les sangliers : le Cros d’Amic.
Ailleurs, La Réale, qui porte bien son nom, s’exprime encore par sa jeunesse, mais révèle déjà son terroir.
Un tour rapide par les Beaux Grenaches nous amène naturellement vers Bel Air, la vigne « d’en haut », celle qui transcende, la « vénérable » qui pousse sur des cailloux. Un peu de La Bourrasque ou de Hurlevent, parfois, et c’est tout.
Voilà le Rouge du Château de Pibarnon. Chaque parcelle y apporte son style, sa minéralité, sa complexité, son fruit. Elles sont presque toutes visibles sur les photos aériennes du caveau. Chacune est nécessaire, aucune n’est essentielle, sauf peut-être Bel Air. L’âme de Pibarnon s’y reflète toujours. Vous comprendrez ainsi pourquoi nous ne faisons pas de cuvée spéciale. Comme le dit Henri, mon père : « à Pibarnon, tout est cuvée spéciale ».

Rosé 2011. Les cinsaults sont magnifiques cette année, goûteux, sucrés, comme des raisins de table ! Seule, cette variété ne représente pas grand-chose. Mais ces cinsaults, alliés au mourvèdre, vont une fois de plus montrer l’intérêt d’un Rosé à Pibarnon. Le fruit, le gras et la sucrosité, apportés par ce cépage, vont se révéler en élégance, en puissance et en subtilité minérale, grâce au mourvèdre. Ce schéma se reproduit chaque année, nous en avons parlé à plusieurs reprises. Le Rosé du Château de Pibarnon démarre toujours sur le fruité gras et exubérant du cinsault pendant l’été, puis vient le temps de la sagesse, celui du mourvèdre, à partir de l’automne.
Ainsi, le Rosé 2010, aujourd’hui, est plus minéral, plus complexe, plus vertical se taillant une place de choix sur les tables cet hiver. Il reste frais et fringant, il est finement bouqueté par l’abricot, la réglisse, les épices. Un vin surprenant, pour qui ignore cette nouvelle étape. Ce vin est proposé en bouteilles, mais aussi en magnum et en jéroboam. Nous avons rencontré un énorme succès pour ces grands contenants l’année dernière. Nous renouvelons ces volumes, pensez-y pour vos futures soirées.

Réservation du Blanc 2011. La réservation du Blanc a débuté l’année dernière, avec succès et se poursuit cette année avec le 2011, dès réception de cette lettre. Comme vous le savez, depuis de nombreuses années, nous manquons de Blanc pour contenter tout le monde. Pour simplifier vos commandes, souvent liées à votre venue à la propriété, parfois trop tard, nous proposons dès maintenant une réservation ferme, livrable à la mise en bouteilles, en avril 2012.
Vous n’ignorez sans doute pas que le Blanc 2010 fait partie des 25 coups de cœur du Guide Bettane & Desseauve (plus de 11.000 vins). Sans jamais avoir cherché l’exubérance, nous avons fini par trouver cet équilibre, oscillant entre une belle fraîcheur et un velouté dense et mobile.

RENDEZ - VOUS
  • Le Grand Tasting, Carrousel du Louvre, Paris. Le vendredi 2 et samedi 3 décembre 2011. Salon Grand Public s’affirmant comme l’incontournable des amateurs de vins. 
  • Vinisud, Montpellier du 20 au 22 février 2012 (Salon professionnel)
  • Avril 2012 mise en bouteilles Rosé et Blanc 2011.
  • Juin 2012 mise en bouteilles du Rouge 2010. Les primeurs seront disponibles à partir de cette date.
COMMENT SONT-ILS ? AVEC QUOI LES BOIRE ?
  • Restanques 2009. Cette année révèle l’émancipation des Restanques. Ce vin  affirme une vraie personnalité avec un fruit vif, de belles touches poivrées et épicées qui dévoilent une bouche soyeuse aux tannins veloutés.
  • Rouge 2009. Ce millésime dévoile le charme méditerranéen avec des tannins bien fondus, de jolies notes d’épices et de fruits noirs qui offrent une bouche particulièrement suave. Derrière cette première rencontre se cache un vin profond doté d’une grande complexité. A consommer cette année sur une belle pièce de bœuf ou à garder précieusement dans votre cave.
  • Rouge 2008. Un vin fascinant, car il est à la fois fruité, fin et délicat, mais aussi puissant, épaulé et ample. Un petit secret de vinification aboutit à ce beau résultat. 
  • Rouge 2007. Ce grand millésime arrive à la fin de l’adolescence, il faudra encore s’armer d’un peu de patience pour apprécier sa grande complexité et minéralité.  Un vin à avoir absolument dans votre cave.
  • Rouge 2006. Vous avez été patient, il s’est rouvert. C’est la seule équation mathématique à Pibarnon : les Rouges se ferment la 4ème année, et se rouvrent à la 5ème…
  • Rouge 2005. Magnifique 2005 qui s’est ouvert avec grâce, sur une belle minéralité, de la sucrosité, tout en gardant sa belle élégance et sa puissance. Il fait l’unanimité partout où il se déguste. Lui réserver des viandes rouges, un carré d’agneau, un confit de canard. 
  • Rouge 2004. Toujours aussi suave, fin, éclatant en bouche, avec ses tannins veloutés. Belle finale fraîche et longue. Un vin élégant, une personnalité. A boire sur des viandes rouges, des venaisons. Et à garder.
  • Rouge 2003. Le grand charmeur s’est assagi, il montre sa personnalité avec plus de réserve : arômes fins et sensuels de fruits rouges, de figue, de tabac. Sa structure est suave, avec une belle finale longue. A boire sur du canard, des viandes rouges, on peut aussi lui présenter du gibier, il sera très à son aise.
  • Rouge 2001. Splendide, grande plénitude, bouquets profonds de garrigue, de réglisse, d’encens, de fruits mûrs et début de truffe. La bouche est dans la lignée. A boire sur la truffe, sur presque tout et à garder, aussi, pour les bouquets tertiaires.

Nous restons à votre disposition pour vous présenter ces vins, les commenter, vous orienter dans vos choix. Nous vous donnons rendez-vous à la cave, ou bientôt à Paris, au Grand Tasting.

Recevez, Cher Ami, l’expression de nos chaleureuses pensées.

Eric de Saint-Victor

signature initiales
1 décembre 2011