A Pibarnon, décembre 2017

Chers Amis de Pibarnon, 

Je viens de lire il y a quelques heures que 2017 est l’année la plus chaude jamais enregistrée… Pourtant, je peux vous garantir que le vin qui s’élève tranquillement dans la cave est loin de l'archétype du millésime chaud ! Au contraire, il est bourré de fruits, aérien, d’une étoffe soyeuse et fraîche. Magie du terroir, certes, mais aussi de belles réserves en eau, grâce à un hiver très pluvieux. Les 500 mm d’eau qui sont tombés jusqu’à fin avril ont généré de belles réserves pour gommer la sécheresse de 2016. Une production de raisins très modérée, avec un rendement naturel bas (autour de 30 hl / ha, ce qui est vraiment peu), et les quelques grappes par pied sont arrivées à une vraie belle maturité. Les sols en altitude, mais profonds, du Domaine ont fait le reste pour donner des vins éclatants et plein d’élégance. 
Comment exprimer, autrement, ce terroir si particulier, qui produit des vins à la fois denses et puissants, mais aussi aériens et fins ? J’ai longtemps cru que seul le granit de mon enfance en Bretagne était ma vibration tellurique, stable et apaisante. J’ai  longtemps cru que le calcaire était plus versatile et malléable, en mouvement perpétuel. Mais je commence à peine à percevoir que les calcaires anciens de Pibarnon ont quasiment la densité du marbre, que leur vibration se répercute  bien au-delà de l’argile qui les compose aussi. «… la chaleur du calcaire qui n’est autre que l’odeur de la lumière », écrit Sylvain Tesson. La lecture de cette phrase a immédiatement fait écho avec nos vins. Oui, ils ont l’odeur du calcaire, une caractéristique d’une grande pureté et pourtant d’un grand dépouillement. Avec le temps, nous avons appris à nous tenir en retrait pour produire des vins de lumière et non de chaleur… 

Dépouillement des vins, dépouillement du geste… L’avenir, ici, c’est le retour à des pratiques d’antan, des pratiques d’artisan. Dorénavant, chaque remplaçant ou nouvelle plantation (sélection  massale) est greffé en place, 3 ou 4 années plus tard. Une formation est en cours pour affiner cette pratique et la réaliser nous-mêmes, en toute autonomie. Ceci afin d’obtenir les meilleurs  résultats, afin que chaque pied fasse suffisamment de racines profondes et trouve les couches inférieures riches en oligo-éléments et en eau. 

Le Rouge 2017 est un vin profond et vibrant, à l’étoffe dense et irisée. Les tannins sont présents et  puissants mais déjà fins. Les pigeages réguliers durant toute la fermentation ont favorisé l’apparition de cette structure profonde et élégante. Ce vin est très demandeur d’élevage, et d’oxygène, qui va être apporté durant les 22 mois de foudres.

Le rosé 2017 n’est pas encore assemblé. D’un côté  les cinsaults, à la robe délicate et aux arômes floraux, de petits fruits rouges, et la structure rafraîchissante et savoureuse. De l’autre, les mourvèdres, plus denses, plus profonds, aux arômes de fruits des bois, à la structure séveuse et à la longueur saline. Bientôt ces qualités vont se  retrouver dans l’assemblage, en attendant la mise fin mars. Ce vin sera magnifique, vinifié selon nos  méthodes douces, éprouvées depuis 40 ans, et sera un des meilleurs alliés des mets provençaux et épicés, définitivement pour la belle chair, ou certains apéros chics et gastronomiques. 

Le Rosé Nuances 2017 restera en élevage jusqu’en  juin, date de sa mise en bouteilles. Ce pur mourvèdre vinifié en partie en foudre, et en partie en jarres de grès, mérite une certaine garde avant  d’être ouvert et de s’allier en toute saison avec des viandes blanches, des petites grives ou une fricassée de rougets. Très peu de bouteilles pour cette cuvée qui devient déjà emblématique en 3 millésimes  produits.

Le Blanc 2017 retrouve heureusement une  production plus pléthorique que la toute petite récolte de 2016. Mais il ne perd rien en densité, ni en équilibre acidité-salinité qui le signent chaque année. Ce blanc est atypique, plein de fraîcheur et de fruits blancs, de délicatesse et de longueur.

Un cycle prévisible pour les rouges. 
On me pose souvent la question de leur apogée, de leur meilleure période d’ouverture. La réponse est très simple. Depuis la mise en bouteilles, jusqu’à la 5ème année, le Rouge du Château de Pibarnon offre de magnifiques envolées sur les bouquets primaires, une structure ferme mais veloutée, avec ces tannins lumineux et vibrants. Entre la 5 et la  7ème année, surtout, oubliez-les, ils seront fermés. A la 7ème année, alléluia, c’est une ouverture plus  harmonieuse et complexe, une première apogée, un  nouveau cycle de 7 ans qui débute. J’aime alors les  carafer quelques minutes, pour que la robe se défroisse et que les arômes s’ouvrent avec précision et harmonie, que le vin dévoile toute sa finesse et sa  richesse retrouvées. 

Une bonne couverture.
Vous connaissez Pibarnon depuis longtemps, et vous n’avez pas besoin de la  presse pour vous convaincre de sa qualité. Mais il est difficile de passer sous silence la photo de couverture du Magazine Vigneron (numéro de l’été), de taire les articles des Echos, du Figaro, du  Monde ou de Culinaire Saisonnier. Rester modeste, mais le faire savoir… Ces articles sont peut-être  déjà un appel caché de l’anniversaire qui se profile  bientôt. En effet, le 31 décembre de cette année, cela fera 40 ans que la famille s’est installée ici. 40 années, mais seulement 39 millésimes, car le premier était le 1978, premier aussi d’une longue série de médailles. Nous attendrons donc 2019 pour fêter le millésime 2018, 40ème pour la famille et  le 10ème de Marie Laroze, maître de chai. 

ILS SONT DISPONIBLES

Rosé et Blanc 2017 sont décrits plus haut, ainsi que les rouges sur le tarif (quelques belles citations). Mais je tenais à me réserver la description du Rouge 2015. Il a l’étoffe des Grands, une étoffe chatoyante et les arômes aériens. Il est ample et  large, il possède une définition de structure magnifique et précise. Il est l’archétype du grand Pibarnon élégant et puissant, civilisé et volubile. Un  vin à posséder en cave, et à garder quelques années.

Bientôt, nous partons présenter nos vins en France et à l’étranger, dans divers salons et dégustations. Mais il y aura toujours quelqu’un au Domaine pour vous accueillir et vous proposer ces vins en dégustation, pour approfondir vos connaissances et pour vous faire découvrir nos dernières créations avec enthousiasme et disponibilité. Vous êtes les bienvenus.  

En attendant, je vous adresse, Chers Amis de Pibarnon, l’expression de nos chaleureuses salutations.

Eric de Saint-Victor

signature initiales
1 décembre 2017