A Pibarnon, décembre 2012

Chers Amis de Pibarnon,

Ce doux mois de novembre me donne l’occasion de revenir vers vous, de vous donner quelques nouvelles du Domaine.
Certaines très bonnes, une autre moins. En effet, cela fera bientôt 35 ans que la famille s’est installée sur la Colline de Pibarnon, et l’un de ses membres fondateurs, s’en est allé. Ma mère, Catherine, n’est plus parmi nous. 

Vous êtes nombreux à l’avoir connue. On se souvient d’elle comme une Grande Dame, chaleureuse, douce, attentionnée, empreinte du sens du bien recevoir. Sous ce gant de velours, elle a mené, aux côtés d’Henri, le Domaine avec fermeté. Mais cela n’a pas été facile au départ… A Pibarnon, au début,  il n’y avait rien : pas d’eau de la ville, un terrain aride et rocailleux, une maison de garde-barrière, et à peine quelques hectares de vignes. Pourtant, Catherine n’a pas hésité à appuyer Henri dans sa décision d’achat. Elle qui rêvait de quitter Paris pour s’installer dans une vieille bastide 18ème à rénover, la voilà dans cette vilaine demeure en parpaings. Le couple n’a pas de diplôme agricole… Henri n’a pas le temps, alors elle s’y colle ! 8 mois de cours, de travaux pratiques et d’apprentissage au Lycée Agricole de Hyères. Ce n’est pas si simple de devenir vigneronne à 40 ans !

Quand Henri construit la cave, au début des années 80, Catherine commence déjà à songer à « sa » bastide. Il lui faudra attendre 10 ans et un maçon salarié à plein temps, l’achat de vieilles pierres, pour enfin emménager dans ses murs. Bien plus tard, ce sera l’Orangerie, haut lieu où elle aimait recevoir et donner des concerts. 

Elle nous lègue une attitude, un style, une manière d’être, et, enfin, une architecture classique, simple et élégante, loin de l’esbroufe, de la démonstration. Elle créait pour le futur, pour ses petits-enfants, mais elle a également réussi à donner un passé, une histoire, ainsi qu’une âme intemporelle, à cet endroit magique. 

Mais ne nous laissons pas aller. Son héritage est à la hauteur de sa personnalité : elle n’aimait pas s’apitoyer sur elle-même. 

LE MILLESIME 2012 ...

Parlons donc du dernier millésime, le 2012. Beaucoup de rumeurs circulent sur ce millésime, dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est bon, mais de petite production. C’est bien le cas ici, où, pour la première fois depuis longtemps, nous n’avons pas eu besoin de vendanges vertes à certains endroits, pour obtenir nos faibles rendements habituels. 

2012 est un joli numéro de funambule. En juillet-août, les nuits restent très fraîches (parfois 15°C au petit matin), assurant une très belle amplitude thermique. Une garantie pour de belles maturités de tannins, sans excès de sucre. Les pluies d’équinoxe (40 mm) achèvent ce processus de maturité qualitatif. 

Mais 2012 montre tout de même une nature qu’il fallait écouter pour en appréhender les caprices et les joies. La réussite d’un millésime reste toujours fragile. Elle tient dans la capacité du vigneron à écouter son terroir, le temps, à anticiper les besoins de sa vigne et de ses raisins, à vendanger au moment propice. Tout cela inclut une prise de risques importante, et un peu de chance. Si l’intégralité de ces facteurs est réunie, alors vous trouverez un grand millésime.
2012 à Pibarnon fut une année à choix multiples, une année aux décisions cruciales, qui ont donné un millésime de grande facture. D’aucun diront que la chance est réelle : il y en a toujours un peu, mais les choix et les convictions d’une équipe font aussi cette réussite.

Venez vous en rendre compte lors de votre prochain passage à la cave, nous serons ravis de vous faire goûter Les Rouges 2012. Vous ferez l’expérience des  parcelles du Château, avant leur assemblage. 

Il y aura aussi, au printemps, Le Rosé 2012, qui promet de magnifiques sensations, sur des arômes de fruits rouges (grenade), de réglisse, mais aussi de pulpe d’agrumes. C’est fin, délicat, et très sensuel. Un rosé de chair et d’esprit. 

Le Blanc 2012, continue de s’affirmer et de dévoiler chaque année plus de finesse ainsi qu’une palette aromatique plus vaste. Ce blanc, autrefois sémaphore, se transforme en véritable phare du domaine !

PIBARNON « L'INCLASSABLE »

Un vin que vous aimez pour ses qualités propres, sa personnalité, son caractère unique. Ici, nous produisons et défendons un vin qui ne rentre pas dans les carcans, la mode, et qui ne se laisse pas charmer par les bien-pensants et autres moralistes viticoles.
Le Château de Pibarnon n’est pas un vin d’esthète, mais un vin intelligent, ce n’est pas un athlète body-buildé mais un homme bien fait et cultivé, ce n’est pas un vin de soleil, mais un vin de sommets, ce n’est pas le sucre, mais le sel, ce n’est pas l’argile mais le calcaire, ce n’est pas grenache ou syrah mais mourvèdre ! Et cela change tout… 

RENDEZ - VOUS :
  • Le Grand Tasting, Salon « grand public » s’affirmant comme l’incontournable des amateurs de vins. 
    Carrousel du Louvre, Paris. Les vendredi 30 novembre et samedi 1er  décembre 2012.
    Samedi 1er décembre de 11h à 13h. Master Class « Le génie du Vin », où le Rouge 1998 du Château de Pibarnon sera présenté. Inscription sur le site du Salon à l’adresse : http://www.grandtasting.com  
  • Avril 2013 mise en bouteilles Rosé et Blanc 2012.
  • Juin 2013 mise en bouteilles du Rouge 2011. Les primeurs seront disponibles à partir de cette date.
  • Vinexpo Bordeaux, du 16 au 20 juin 2013. 
2010 : ILS SONT EN BOUTEILLES, COMMENT SONT-ILS ?

Ces deux vins sont le résultat de sélections encore accrues sur les parcelles du Domaine, une juste et judicieuse répartition entre elles. Ainsi, chacun est à son maximum d’expression, ils sont complémentaires et complices.

Les Restanques de Pibarnon 2010.
Grâce à sa générosité, il se fera l’ami des belles tables, des plus simples aux plus raffinées, le compagnon des plats canailles et des mets plus classiques. C’est le vin de partage par excellence (un beau fruit, une belle fraîcheur et beaucoup  de rondeur).Il s’épanouira sur vos belles viandes, ris de veau, cochons de lait, noix de veau, ou carrés d’agneau. Le tout agrémenté de quelques légumes de printemps, quelques champignons.

Rouge 2010 du Château de Pibarnon.
Tout juste en bouteilles, le 2010 est encore sur les bouquets primaires, de fruits noirs, cassis, mais aussi d’épices, comme la cannelle, ou la réglisse, avec des notes de garrigue. C’est un grand millésime, bâti sur un splendide équilibre, entre tension et  volume,  minéralité et fruit, sève et fraîcheur,  puissance et volupté. Buvez-le après un long carafage, mais gardez tout de même quelques flacons, car il nous surprendra dans ses bouquets secondaires, dans 4 à 5 années.

Je voudrais terminer cette lettre par un petit clin d’œil, un commentaire que nous avons reçu sur le 2001 du Château de Pibarnon. Celui-ci vaut d’être lu. Un hommage vibrant, poétique et engagé de mon amie vigneronne Alexandra de Vazeilles : « Ton 2001... A tomber. Ne ressemble à aucun autre, et surtout pas à "bip" ni à "bip". Ton vin de 2001 ne ressemble qu'à lui… Et je ne sais pas à quoi tu pensais en l'élevant, mais le résultat est un Pauillac qui aurait connu la vie, les filles, le soleil et Dieu. Ce n'est pas un "vin du Sud", mais une sorte de vérité engagée. Une vérité gourmande d'une exquise longueur aussi ».

Je vous souhaite de connaître et d’apprécier, comme ce 2001, la vie, le soleil et Dieu ! Je vous dis aussi à bientôt et je vous remercie de la confiance que vous nous accordez.
Je vous prie de croire, Chers Amis de Pibarnon, en l’expression de mes pensées les plus cordiales.

Eric de Saint-Victor

signature initiales
1 décembre 2012