A Pibarnon, décembre 2020

Chers Amis de Pibarnon,


A la fin du IIème confinement, il faut puiser en nous-mêmes assez d’énergie et d’optimisme pour vous adresser la missive annuelle avec toute l’empathie générée par nos longues années de connivence et de dégustation au caveau.
Car il faut bien trouver du positif à tout cela, et aller de l’avant comme à notre habitude, continuer à créer, anticiper et espérer. La vie d’un vigneron est semée de questionnements, d’interrogations, habituellement exclusivement axés vers l’excellence des vins. Nous sommes rodés à suivre une variable permanente : le climat. Il donne cette extraordinaire mouvance à nos activités créatrices, et cette inconnue nous permet d’entamer la page blanche des vendanges chaque année avec expérience, intuition et esprit novateur.
Mais il faut reconnaître que 2020 nous sert sur un plateau de quoi nous interroger autrement, et remet en question, cette fois, une partie de notre distribution (hélas, auprès de nos malheureux clients restaurateurs essentiellement). Heureusement que vous êtes restés présents, fidèles et réactifs…
Car dès que vous l’avez pu, vous êtes venus nombreux au caveau, cet été, déguster, approfondir et mieux connaitre nos vins ; vous êtes repartis avec des bouteilles sous le bras, parfois des magnums et même de très beaux flacons, jéroboam ou mathusalem. Vos visites nous ont réconfortés, elles ont consolidé l’Exploitation, et nous restons relativement sereins quant à l’avenir, même si l’on sait que 2021 ne sera pas une année facile.

MAIS PARLONS D'ABORD DE CE MILLESIME 2020...

dont vous attendez certainement, comme d’habitude, notre ressenti, notre vision de son style et de ses qualités.
L’année culturale, que l’on peut estimer débuter en octobre, à la fin des vendanges précédentes, a été en tout point parfaite. Un déluge d’eau réparti sur les premiers mois jusqu’à Noël annonçait déjà 500 mm de pluie, ce qui est considérable et très utile pour les sols, on s’en doute. A la fin juin 2020, la pluviométrie atteignait un chiffre presque record de 1000 mm. Une vraie jouvence pour ces terroirs d’altitude, conduits en biodynamie, et toute la vie microbienne de cet horizon pédologique. Excellentes conditions de croissance, bel équilibre de la plante, malgré une petite pression phytosanitaire (mildiou puis oïdium) rapidement enrayée par des traitements légers et ciblés, traitements bio complétés par les tisanes et des essais d’huiles essentielles. Il ne restait plus qu’à pratiquer une petite vendange verte en juillet, sur certaines parcelles pour attendre patiemment les maturités et le début de la vendange.
2020 est une année relativement chaude en moyenne, mais sans excès, sans coup de chaud, sauf ces 3 jours de vent d’ouest à 35°C, au milieu des vendanges, qui sèchent légèrement les feuilles basses. Mais cela n’a aucune incidence sur la qualité des raisins.

En quête d’une petite pause et d’inspiration, je pars en cave déguster le pré-assemblage, concocté par Marie, de ce Rosé 2020. Certes, il lui faudra plus de temps pour être parfaitement ouvert et équilibré (comme à son habitude, à partir de mai / juin), mais déjà, au cœur de sa légère turbidité de fin de vinification, on décèle la grandeur de ce millésime.
Des arômes délicats et floraux, pour commencer, qui cèdent la place à des notes plus fruitées, de groseille, de pulpe d’agrumes, et, au loin, d’épices douces. La finesse aromatique se confirme au palais, avec cette texture délicate et soyeuse, avant que ce vin ne laisse parler le terroir et son cépage : cette ampleur, devenue classique ici, et cette finale longue et sapide.

J’en profite pour repartir faire la même expérience avec le Blanc 2020 ! Il se révèle tout en délicatesse, avec cette tension interne incroyable qui lui donne une dimension cristalline et lumineuse. Une aromatique délicate, précise, florale, légèrement fruitée, sans lourdeur aucune, ouvre le bal. Puis, au palais, ce sont les notes de fraîcheur, de longueur et de tension qui précèdent une finale sapide. Il nous fait déjà saliver…

Pour vous parler du Rouge 2020, il faut une dégustation plus longue, qui nous mène devant chaque foudre et donc chaque parcelle, pour saisir son style et tâcher de le présenter tel qu’il sera à la fin de l’élevage, une fois assemblé, après 20 mois dans ces beaux chênes neutres de plusieurs forêts d’Europe. C’est très amusant, car goûter de cette manière reviendrait à écouter séparément les instruments d’un orchestre. Il y a une bonne part d’imagination dans la dégustation, et l’assemblage mental en fait partie.
Ceux qui cuisinent le savent, on peut très bien anticiper d’un goût en ayant quelques saveurs à l’esprit ou au palais avant de commencer. Que disent-ils ces foudres ? Eh bien, ils ont un ambassadeur ! Cette année, ce sont sans doute les Pointes Blanches, assemblage de quelques parties de parcelles très calcaires, qui sont le «1er violon» du millésime. Densité, sensation de velours, profondeur, tout est déjà là dès maintenant. Il reste 20 ou 22 mois d’élevage pour le mener à terme, pour qu’il soit prêt à évoluer seul, tranquillement, en bouteilles. Ce millésime est assez dense, les peaux épaisses ont fourni assez de tannins pour ne pas laisser de rafles. Elles étaient moins qualitatives, car encore un peu vertes pour donner la texture que nous souhaitons. Il est proposé en primeur au tarif.
Le 2020 restera dans les mémoires à plus d’un titre, et lorsque vous ouvrirez une de ces bouteilles dans 10 ans, que vous plongerez votre nez dans ce verre, il n’en restera que le meilleur, de cette foutue année !!!

On nous pose souvent la question du ratio rouge/rosé produit au Domaine. C’est en général 60/40, car nous avons de beaux terroirs à rouge, et cette année nous avons poussé jusqu’à 70/30, ce qui nous permettra de produire plus de Restanques, dont vous n’ignorez pas que la production a un peu diminué ces dernières années (baisse de rendement générale). Bonne nouvelle pour les amateurs de ce vin plus direct, plus sphérique, plus immédiat que celui du Château.

Avant de vous parler des vins disponibles, toute l’équipe du Domaine et moi-même tenons à vous remercier de votre fidélité indéfectible et de toutes les bouteilles que vous avez acquises cette année. Il est vrai que nous avons tenu à vous conserver du blanc, alors que d’habitude il n’y en a plus dès la mi-août, que nous avons ressorti quelques vieux millésimes de notre réserve personnelle, pour vous faire plaisir, mais je tiens à saluer votre soutien sans faille, car même ici, les temps sont un peu plus difficiles que d’habitude. Nous sommes solides, certes, mais quand même un peu touchés, et votre présence à nos côtés est précieuse. Nous essayons de faire de même auprès de nos clients restaurateurs, qui innovent autant qu’ils peuvent, qui sont si bousculés depuis la mi-mars. Nous sommes impressionnés par l’énergie que certains déploient pour rester à flot par la vente à emporter, aussi bien des mets que des vins. Solidarité…

ILS SONT DISPONIBLES

Les Restanques de Pibarnon 2017 seront bientôt proposées, au printemps 2021, dès qu’il aura commencé à s’ouvrir pleinement avec tout le charme et la fougue qu’on lui connaît. Il y a peu de bouteilles de ce millésime, ne loupez pas cette occasion si vous aimez ce vin.

Les Rouges du Château.
Nos réserves baissent un peu plus chaque année. C’est la rançon du succès, mais nous avons tout de même 3 millésimes à vous proposer :

  • Le Rouge 2018 est une pavane à la gourmandise, un hymne de fruits ourlés d’épices et de saveurs. De stature plus élancée, moins massive, il s’ouvrira plus vite, à l’instar d’un 2002 avant lui, plébiscité à juste titre en ce moment.
  • Le Rouge 2017 reprend dignement le flambeau après le magistral 2016. Incarnation de Pibarnon, ce Grand Bandol classique, vertical et ample, restera cependant légèrement en retrait avant qu’il n’explose littéralement dès le début du printemps. Sa première apogée va être grandiose, tant il est proche d’un premier bel équilibre. De grande fraîcheur, soutenue par une silhouette élancée, il est large, impressionnant, mais approchable, bientôt. Cependant, gardez-en au fond de votre cave : ce sera un bel archétype dans quelques années.
  • Le Rouge 2016 est victime de son succès, il n’en reste plus beaucoup… Ce vin est félin, mobile, vertical et aérien. Un grand vin de repas, un vin des quatre saisons, un vin à servir sur d’innombrables accords de chair.

Le Rosé 2019 a patiemment attendu la mi-août pour remplacer le délicieux 2018. Il lui a fallu tout ce temps pour se recentrer, laisser l’harmonie allonger sa silhouette séveuse, saline et savoureuse. Un rosé des délices méditerranéens.

Le Rosé Nuances 2018 est tout en délicatesse de fruits rouges, profond, enveloppant, long et sapide à son tour. Ce pur Mourvèdre a 2 ans d’élevage, dont la moitié en bouteilles, et prend le départ d’un long cheminement. Un rosé déjà emblématique qui s’ouvre sur de très beaux accords.

Le Blanc 2019 est toujours présent et disponible. Cristallin et lumineux, il est porté par la salinité que l’on attend d’un blanc de bord de mer et sa finale dévoile quelques amers élégants.

POUR LES ACQUERIR FACILEMENT EN DIRECT :

Venir au caveau (tlj sauf dim et fêtes, 9-12h et 14-18h). Accéder à la vente en ligne sur notre site www.pibarnon.com en cliquant sur l’onglet « Les Clefs du Caveau ». Renvoyer le tarif joint avec votre commande et un moyen de règlement. Enfin, vous pouvez aussi les acheter chez votre caviste, ou chez les restaurateurs qui font de la vente à emporter (et, je l’espère, à leur table bientôt).

Il nous reste à vous souhaiter de belles choses à partager, en famille, entre amis, autour de belles agapes et de beaux flacons.
Nous aurons toujours plaisir à vous recevoir au caveau, et, dès que ce sera possible, de vous y faire déguster ces différentes cuvées, comme à notre habitude, au son de la cloche. D’ici là, prenez soin de vous et de vos proches.


Bien cordiales pensées,

Eric de Saint-Victor

signature initiales
1 décembre 2020