A Pibarnon, décembre 2022

Chers Amis de Pibarnon,

Cette année, nous avons fait un petit tour du Monde pendant les vendanges… L’équipe était riche de nationalités lointaines, parfois issues de pays en grande difficulté. Ont ainsi participé à la cueillette un Iranien, deux Syriens, une Tchétchène, deux Afghans, un Roumain, un Nigérian, un Ecossais, et bien entendu des Français, dont mes deux filles, Pauline et Blanche. Rarement un groupe a travaillé ici dans cette harmonie, cette richesse de cultures et de langues, avec cette connivence joyeuse. C’était incroyable d’avoir autour de nous ces personnes en situation souvent précaire, qui, pendant les heures de travail, diffusaient leur énergie et distillaient leur humour. Ils étaient beaux car ils étaient souriants. Une belle leçon pour nous.

Cette ambiance particulière nous a bien aidés pour ces nouvelles vinifications 2022, issues d’un climat un peu capricieux et parfois dans les extrêmes. Le total d’eau cumulé est très honorable jusque fin décembre (580 mm). Mais considérant certaines pluies faibles, la vigne subit tout de même un peu plus de 7 mois de sécheresse. Le printemps est assez court, et l’été débute dès les 1ers jours du mois de mai, sans excès de chaleurs bien heureusement. Eric, chef de Culture, et son équipe, peaufinent les parcelles une à une, observent, interviennent le moins possible, soignent autant les sols que les vignes, pour leur laisser une belle autonomie, un équilibre favorable à la production de beaux raisins, dans cette année sèche. L’état sanitaire est parfait, on s’en doute, et nous sommes sauvés par le petit miracle du 16 août, un bel orage de plus de 60 mm de pluie. Ouf. La vigne en profite, nous aussi, et c’est avec seulement quelques raisins abîmés par une petite grêle (venue avec l’orage) que nous démarrerons bientôt les vendanges avec cette équipe incroyable.
Les vinifications se déroulent comme dans un livre (mais sans la science !), dans une pureté microbienne magnifique, les levures du Domaine occupant tout de suite le milieu. Les fermentations avancent, doucement, jusqu’à la fin des sucres. De belles envolées dans les différentes couleurs, la symphonie des arômes et des saveurs se met en place petit à petit, les vins s’affinent, se concentrent, se bâtissent grâce à nos petites levures ouvrières, dont l’action est complétée par nos faibles interventions : un remontage çà-et-là, un pigeage quotidien pour chaque cuve de rouge (merci à Charles, venu en renfort, qui prend le pigeou à ma place après que je me suis tordu le dos…). Marie orchestre tout cela, et, bien entendu, on surveille les températures matin et soir, on goûte, on regoûte, on guide, on décide, on oriente…

Faire du vin, c’est faire des choix en permanence. Un grand vin est une somme de petites décisions, dont aucune n’est vraiment importante, mais dont le tout mène à l’excellence. Ça commence très tôt à la vigne, bien entendu. Eric prend toujours le temps de la réflexion, de l’observation, pour agir peu mais bien. Puis lors des vendanges (ah… prendre la décision du meilleur jour pour chaque parcelle est toujours source de stress et de discussion), et bien entendu lors des vinifs et de l’élevage. Plus tard, dans le chai, le temps a peu d’emprise, et, même s’il ne faut pas s’y noyer, c’est une grâce de pouvoir le laisser se distendre, s’étirer,
tandis que l’oxygène, l’élevage, les multiples microdécisions opportunes et leur accumulation positive mènera chaque vin vers l’expression la plus pure du millésime en concordance avec notre terroir et notre palais.

Les vins du millésime 2022 sont très prometteurs, fins, vibrants, pleins de vitalité et d’énergie. Finesse, amplitude et harmonie sont les maîtres-mots de leur personnalité. Vous savez à quel point nous essayons d’obtenir des vins sans excès, purs et droits, tout en leur conservant un bel hédonisme, et une irrésistible attraction. Vous pourrez retrouver le blanc et le rosé 2022 en fin de printemps, et le rouge plus tard, après élevage, à partir de septembre 2024/2025.

Nous sommes en cours de finalisation du nouveau site internet. Moins nébuleux, plus clair, de nouvelles photos et une navigation beaucoup plus aisée. Le caveau en ligne fonctionnera tout aussi bien qu’avant, n’hésitez pas à nous faire vos retours, en espérant qu’il vous plaise..! Mise en ligne tout début 2023. D'ici là, vous pouvez toujours vous connecter sur le site actuel via l'onglet « Les Clefs du caveau »

Côté Presse, une jolie récolte comme l’an dernier.

  • Pour commencer, le Guide Hachette nous donne un coup de coeur pour la 3ème fois consécutive, en récompensant le Rouge 2019.
  • De son côté, la RVF (H.S. nov 2022) consacre un bel article aux alcools et digestifs, dans lequel le Marc 1997 (24 ans d’élevage) est décrit par Alexandre Vingtier comme « Spectaculaire, ce marc de mourvèdre égrappé n’a rien à envier aux plus grands noms
  • bourguignons, loin de là ! ».
  • Enfin, outre de beaux papiers égrenés au fil des mois, le Château de Pibarnon obtient la note suprême au Guide Bettane-Desseauve avec 5**** : « Tout est grand ».

Loin de nous l’idée de flagorner, mais simplement vous tenir au courant de ces commentaires sensationnels qui nous honorent, et nous donnent des ailes…

Compte-tenu des conditions actuelles de production des matières premières, du coût de l’énergie, du gaspillage et du coût en CO2, nous réfléchissons à l’idée de la consigne. Des centres de collecte se mettent en place dans le Var, et nous pourrions peut-être bientôt démarrer une consigne sur une partie de nos bouteilles. En effet, la récupération du verre en masse évite bien entendu de puiser dans les réserves de silice, mais reste très gourmande en énergie. La consigne ne « dépense » que le lavage et le reconditionnement des bouteilles, et il apparaît qu’une seule d’entre elles pourrait être réutilisée jusqu’à 50 fois. A suivre…

ILS SONT DISPONIBLES :
  • Les Restanques de Pibarnon 2018 complètent à merveille le Rouge du Château. Ce vin, issu d’un terroir différent, plus classique à Bandol, est sans doute plus accessible, plus sphérique, et hédoniste que son grand frère. Marquant par son accent sudiste, aux arômes de garrigue, d’épices, de fruits noirs, il est parfait pour les plats « canaille », les rôtisseries et autres abats, juteux et plein de sucs.
  • Le Rouge 2018 du Château se pose en majesté, en complexité de bon aloi, délicat, savoureux, ample et long en bouche. C’est un des grands classiques du Domaine, à ouvrir encore pendant 1 an, puis à garder en cave.
  • Le Rouge 2019 du Château est d’une précision incroyable (je viens de le servir en Jéroboam il y a quelques jours). Son étoffe est digne d’un grand couturier, ses arômes envoutants, son style « ensorcelant » (Guide Hachette). Mon sentiment est que nous avons là un très grand vin. Je ne peux que vous dire d’en mettre quelques bouteilles de côté, tant qu’il y en a encore, bien avant la fin 2023.
  • Le Rouge 2020 du Château, présente au palais un modèle d’équilibre, à la fois frais, ample et soyeux. Il reste assez jeune, encore, mais déjà, son audace est palpable, son envie d’ouverture tangible. Sa finale marquée par un subtil retour à la réglisse marque bien son origine ainsi que son développement harmonieux.
  • Le Rosé 2021 observe en ce moment la montée en puissance de son mourvèdre, il devient plus cristallin, plus sapide, séveux. Ses arômes élégants, floraux, fruités et épicés se complexifient. Il est prêt à affronter, avec une belle énergie, les 5 prochaines années.
  • Le Rosé Nuances 2019 vient à son tour proposer ses atours depuis juin. Etoffé, plein, subtil, long, inattendu, c’est un rosé hors du commun, un rosé de belles tables, autant qu’un rosé de méditation.
  • Le Blanc 2021 reste cristallin, plein d’éclat comme au premier jour. Un vin lumineux, salivant, rafraîchissant et sans ambages. Il reste quelques bouteilles de ce vin issu de nos pentes plein nord, complice des plus belles prises de nos pêcheurs.
  • Enfin, j’aimerais encore parler de la cuvée Henri-Cath 2012, dont je vous dévoilais récemment l’origine et la naissance. Patiemment caché plus de 10 ans en cave, ce vin dévoile ses bouquets secondaires, fins, mystérieux, d’épices rares, de baies sauvages. Comme me l’a chuchoté il y a quelques jours un sommelier M.O.F. : « j’ignorais que l’on faisait du Pinot à Bandol »… C’est dire si sa nature et sa personnalité l’élèvent dans des sphères quasi-Olympiennes. Pour mémoire, 999 magnums étaient disponibles à la mise en bouteilles.
  • Vous trouverez aussi un certain nombre de millésimes dans la « Vinothèque », sélectionnés en équipe, à la suite d’une belle verticale. Cette page est trop courte pour les détailler un à un, aussi n’hésitez pas à nous contacter pour un conseil.

La fin de l’année approche à grands pas. Vous avez sans doute déjà à l’esprit les vins que vous proposerez en famille. L’année dernière, je m’invitais presque à votre table ; cette année, je vous laisse entre vous, profiter de ces nectars. Si entre-temps vous passez au Domaine, ou plus tard, nous nous ferons une joie de vous recevoir (sur rendez-vous, c’est mieux organisé).

D’ici là, je vous souhaite une excellente année 2023 et mille occasions de vous enivrer de belles paroles, de conversations et de vinosités élévatrices.
Bien cordiales pensées,

Eric de Saint-Victor

signature initiales
1 décembre 2022