A Pibarnon, décembre 2015

Chers Amis de Pibarnon,

Au cœur de l’automne, balayés ces dernières semaines par les caprices de la météo, nous sommes à l’abri, comme les vins de ce beau millésime 2015. Ici, c’est mouvementé ! Les masses d’air se déplacent d’un côté, de l’autre, c’est la Provence excessive, celle des coups de temps. Le vent d’Est succède au Mistral ; ils tentent tous deux de résister à l’Eté Indien… Heureusement, l’un apporte la pluie nécessaire à nos sols, prêts à s’en gorger, l’autre les sèche en surface, nous permettant de démarrer sereinement les travaux de saison. Aujourd’hui, ce sont les olives, pour la petite production d’huile du Château, demain ce sera la vigne : labours d’automne, remplaçants, légers apports organiques, en attendant les premiers vrais coups de froid pour démarrer la taille.

« LE MILLESIME 2015 SE PRESENTE MAGNIFIQUEMENT »

C’est une année d’équilibre, de finesse et de belles maturités. Peu d’excès, malgré l’arrêt précoce de la pluviométrie (fin avril). Année chaude ? Oui, certes, en moyenne, mais bien tempérée par des nuits fraîches. Nous bénéficions ici des entrées maritimes et de rosées nocturnes qui s’évaporent très vite au petit matin.
Année sèche ? Non, notre terroir d’altitude aux sols pauvres mais profonds rend progressivement à la vigne ses réserves de l’hiver. Le calcaire donne sa trame soyeuse, et un bon support acide et minéral.

Le Rouge 2015 sera puissant et fin. Pour le moment, au gré des cuves, nous trouvons pêle-mêle : des arômes de fraise, cacao, figue, poivron, encens, prune, poivre blanc. Les structures sont fermes, riches, fraîches, puissantes, et charnues. Une très belle matière, encore à l’état brut et à élever bientôt en foudres, pour qu’elle s’harmonise et révèle toute sa complexité, sa finesse, et sa minéralité sous-jacente, mais masquée pour le moment.

Le Rosé 2015 va vous rendre impatients… Car nous n’avons presque plus de 2014… Comme lui, il sera fin et délicat, légèrement iodé, avec des notes de fruits acidulés, puis d’épices douces et de réglisse. La mise du printemps prochain le laissera encore un peu fermé, et c’est vers la mi-mai 2016 (comme d’habitude), qu’il révèlera sa complexité hors-normes, dévoilant par notes successives les agrumes, les baies sauvages, les fruits à noyau, la sauge, les épices, tandis que la bouche oscillera entre gras, puissance, fraîcheur minérale et longueur sapide. N’oubliez pas qu’il dispose d’une capacité de vieillissement d’au moins cinq ans, et qu’il se déguste en toute saison !

Le Blanc 2015 pourra encore patienter un peu jusqu’à la mise, car, bonne nouvelle, il nous reste un peu de 2014. Ah ! Comme ce serait bien de toujours pouvoir le déguster après un an… L’harmonie est palpable, il est long et élancé, dévoile son élégance par des arômes de yuzu (citron japonais), de fleurs, de tilleul. En bouche il prend de l’ampleur et s’ouvre sur des notes de fruits blancs et d’épices, appuyées par une fraîcheur acidulée et enrobée. La finale est généreuse et sapide, tout en restant rafraîchissante.

« 2015, UNE ANNEE RICHE ET CREATIVE »

Le Pi-Bar Ephémère a été inauguré le soir du jeudi de l’Ascension. Au fil de la saison, Vous êtes plus de 400 à être venus profiter de la réouverture des grilles du Château, le jeudi soir. A avoir marché quelques minutes entre les restanques suspendues, pour contempler de là-haut l’amphithéâtre, et voir le soleil couchant, au loin, sur le Cap Sicié, un verre de Rouge 2011 à la main. Parfois avec des musiciens, parfois juste avec les cigales. Mais toujours dans une ambiance merveilleuse, amicale ou contemplative. L’année prochaine, vous serez sans-doute plus nombreux. Nous développerons d’autres thèmes. Il faudra bien penser à réserver quelques jours avant, par téléphone.

Un tournage épique. Pierre Arditi et toute l’équipe (40 personnes !) du « Sang de La Vigne » sont venus ici au mois d’avril, pour réaliser un épisode mouvementé. Je vous laisse imaginer le Domaine vivant au diapason des « Silence on tourne ! », « Coupez ! », des bons mots d’Arditi, et de nos descentes en cave hors caméra… Les titres vous mettent immédiatement dans l’ambiance : « Le Coup de Jarnac, Medoc sur Ordonnance, Pour qui Sonne l’Angélus »… Ici, ce sera « Un Coup de Rosé bien Frappé ». Diffusion fin 2015 – tout début 2016, sur France3. Ne le ratez pas, vous qui connaissez le Domaine, contrairement aux 3,5 millions de téléspectateurs qui regardent ce programme !

Les Clefs du Caveau. Prochainement, le caveau du Château de Pibarnon sera disponible en ligne, ce qui permettra de faciliter vos commandes en évitant des procédures parfois un peu lourdes. Mais il ne sera pas ouvert à tout le monde, car il vous est réservé. Il faudra cependant que nous puissions vous identifier. Vous n’aurez qu’à vous inscrire en faisant une demande préalable sur notre site, et vous aurez votre précieux sésame. C’est ainsi que nous lui garderons son caractère exclusif. Par la suite, vous aurez un accès direct aux vins que vous souhaitez, en toute simplicité. Mais que cela n’empêche pas nos échanges et un contact en direct !

« LA » page du Figaro du vendredi 24 juillet n’est pas passée inaperçue… Une pleine page entièrement dédiée au Domaine. Six vignobles seulement ont été choisis pour ce tour de France des vignerons emblématiques. Un large développement sur Pibarnon, son actualité et son héritage. Je tiens beaucoup à ce dernier aspect, car j’y vois une forme d’adoubement, il me semble qu’il marque officiellement la véritable transmission de Pibarnon à la nouvelle génération que nous sommes. Ce n’est pas toujours facile de succéder, quand on est du sérail…

« A QUELQUES NUANCES PRES »

L’année dernière, je vous annonçais la naissance du Rosé 2014 Nuances. Il était encore dans ses langes, car sa vocation était de se développer au cours du printemps et de l’été, pour n’être disponible qu’en automne 2015. Diable, un rosé d’automne ! Un rosé de patience ! Un rosé de garde ! Et oui, c’est un pur mourvèdre, réputé lent dans son ouverture et son développement. Vinifié en jarre de grès (moins poreuse que la terre cuite) et en foudre, sa mise tardive a clôturé un bel élevage qui s’est poursuivi en bouteilles jusqu’à maintenant. Dites-vous bien que ce vin n’est pas une coquetterie. C’est un choix engagé dans la recherche d’un rosé différent, plus affirmé encore, dont les accords restent multiples et ouvrent une voie terrestre vers les volailles, les viandes blanches et les épices rares. Tout en conservant une connivence marquée avec la méditerranée et ses rougets, poutargue ou poissons de roche. Sa sortie est déjà saluée par l’article dithyrambique de Gabrielle Vizzavona, publié il y a deux semaines dans le Figaro : « Pibarnon invente le rosé d’automne (…) Au palais, encore dans la retenue, il offre des notes minérales prononcées, un fruit frais de petites baies rouges acidulées et une longueur réglissée éclatante. On l’imagine volontiers se développer en complexité (…) et changer de profil aromatique avec grâce, épousant en seconde noce des notes de fleurs séchées et de safran. (…) patience pour que ce rosé d’automne s’habille de toutes ses Nuances : c’est un vin de méditation. »

« MAIS PIBARNON, C'EST DU ROUGE AUSSI ! »

Mais oui, rassurez-vous…Vous avez dû remarquer l’évolution de ces dernières années vers des rouges qui ont retrouvé un fruit juteux et croquant, des structures soyeuses et étoffées, des finales fraîches et complexes, un style masculin et raffiné… Ce résultat émane du travail entrepris avec Marie Laroze, au chai, et Louis Audibert, à la vigne.
Le passage en bio du Domaine depuis 2004 a porté ses fruits progressivement, et nous permet de signer les vins par l’empreinte du terroir, quelle que soit l’année. C’est sans doute pour cela que les derniers millésimes sortent avec des notes et des commentaires élogieux, quasiment toujours en tête. C’est une véritable moisson accumulée cette année, pour tous les millésimes disponibles. J’ai sous les yeux tellement de comptes-rendus, qu’il est difficile de choisir ! Vous pourrez les lire sur notre site.

Pour ma part, le 2013 me séduit par sa robustesse et sa densité, mais il est désarmant de fraîcheur et de fruits. Résolution : se retenir de l’ouvrir…

Le 2012 s’ouvre sur des tannins juteux, des notes de cerise poivrée, de garrigue, et sa trame ne demande qu’à exprimer son soyeux, après un long carafage.

Le 2011, tonitruant baryton aux accents méditerranéens, se sort de n’importe quelle situation, avec brio et emphase.

Le 2010, riche et complexe, reste mystérieux et profond. Il ose la puissance car il est raffiné.

Damned, la feuille est toujours trop courte. Il manque toujours quelques lignes pour vous dire plus, échanger encore. Alors revenez ici, à Pibarnon, partager quelques instants de dégustation, de découverte avec nous.
Je vous dis à bientôt.

Eric de Saint-Victor

signature initiales
1 décembre 2015